Le théâtre ou la littérature révèlent des élans poétiques portés par les mots qui s’enchaînent pour se transformer en un coup de tonnerre résonnant comme une actualité parce qu’elle est adaptable à nos péripéties.
Que ce soit Corneille ou Shakespeare, ces deux génies représentent le monde où le bien et le mal s’affrontent, l’amour et la mort cheminent bras dessus, bras dessous.
D’ailleurs les réseaux sociaux sont gourmands des citations à titre de morales qu’ils relient à des situations qui leur sont chères.
Par extension l’espace public est désormais envahi par l’indignation, la colère, la vengeance, l’anathème, les tourments, la peur. Au point qu’une conversation argumentée d’idées équilibrées paraît insipide.
Et les changements de pied sont violents, y compris pour l’épidémie du coronavirus. L’opinion passe à la vitesse de l’éclair de la perception lointaine, associant le virus à un gros rhume ou une grippe, à l’apocalypse sur notre état sanitaire et la rupture économique. Sans oublier la théorie du complot qui pointe son nez qui participe à désorienter ceux qui s’en approchent.
Le vernis de civilisation dont nous sommes les garants apparaît tout d’un coup tellement fragile. Les médias pourraient s’employer à faire baisser la température des angoisses sanitaires.
Le langage s’ensauvage dans l’outrance jusqu’à l’injure qui deviennent contagieuse, y résister nous classe dans le vieux monde. A n’en pas douter nous entrons dans une zone turbulente, résistons à la fureur du nouveau monde, à l’ouverture de la boîte (la jarre) de Pandore dont s’enfuient les sentiments et les maux. Sauf… l’espérance qui y resta enfermée et qui reste intacte.
Muriel Boulmier