Depuis juillet dernier, l’entreprise de Benoit Pasquini, « La Boîte à Découpe », bénéficie d’un contrat exceptionnel avec l’édition parisienne « Tohu Bohu » pour la fabrication d’un coffret édition limitée sur les roads trips de Pierre Billon et Johnny Hallyday. L’occasion pour ce touche-à-tout et vice-président de la Chambre des Métiers de Lot-et-Garonne de promouvoir les métiers de l’artisanat et l’activité de découpeur.
Benoit Pasquini cultive la singularité. Compagnon fontainiste au château de Versailles, ancien des forces spéciales de l’armée, intermittent en mécanique de spectacles, plongeur soudeur, musicien… Toutes ces expériences ont pourtant eu un point commun : « Mon problème de tous les jours c’était de découper des pièces pour les adapter à la construction ou la réparation en cours », explique Benoit Pasquini. Il est aujourd’hui « découpeur ». « C’est un métier qui n’existe pas, sourit-il. Ça fait partie de la branche du façonnage, mais il n’y a pas de diplôme ni de formation pour ça. »
Depuis deux ans, l’artisan a créé l’entreprise La Boîte à Découpe, installée à Fumel. Une activité qu’il complète avec sa première société de conception et d’ingénierie, « BenCréa ».
1 000 coffrets sur les « Roads Trips » de Johnny
Son immense atelier abrite des machines toutes aussi imposantes pour découper au jet d’eau et au plasma toutes sortes de matières : « Ça va du papier à la pierre, en passant par le cuir, l’acier, la fonte… Nous sommes également en train de construire nos propres machines, dont un fraiseur plasma avec gravure laser intégrée, pour répondre au plus près aux demandes. »
Dernière en date, la conception et la réalisation de 1 000 coffrets en inox brossés pour le livre de Pierre Billon, ami de Johnny Hallyday, sur les « Roads Trips » qu’ils ont réalisés ensemble. Une fabrication longue et artisanale avec découpe au jet d’eau à plus de 4 200 bars de haute pression, ébavurage, pliage, soudure, gravure… Un défi pour l’entreprise fuméloise qui s’est démarquée par la possibilité de réaliser cette commande de « seulement » 1 000 pièces. « On était une trentaine il y a cinq ans à faire de la découpe au jet d’eau. Aujourd’hui il doit y avoir près de 300 entreprises. Mais toutes veulent du gros volume », note Benoit Pasquini qui n’emploie aucun salarié mais s’entoure en permanence d’artisans locaux pour co-traiter les demandes.
Si le « projet Johnny » constitue « le plus beau » que La Boite à Découpe ait eu à réaliser jusqu’à présent, Benoit Pasquini a également confectionné la table des martyrs de Montauban l’été dernier et travaille actuellement sur une plaque d’une dizaine de mètres à graver de 800 noms pour un monument commémoratif.
« Le métier de demain »
Aussi vice-président de la Chambre des Métiers d’Agen, Benoit Pasquini est fier de prouver que le Lot-et-Garonne est aussi pourvu d’artisans de qualité et que le Fumélois est encore un bassin de savoir-faire. Attaché à ce territoire qui l’a vu grandir et dans lequel il est revenu s’installer en 1999, l’artisan croit en son potentiel même si la situation géographique lui fait parfois perdre des marchés.
« Maintenant ce qui m’intéresse, c’est l’avenir. Comment je vais faire pour transmettre mon métier en restant ici ? » Benoit Pasquini imagine faire de La Boite à Découpe un centre où toutes les matières peuvent être découpées, mais surtout l’endroit où former les jeunes à ce travail qui demande autant de rigueur qu’un esprit artistique. « C’est le métier de demain. Aujourd’hui on travail avec des logiciels de programmation, on découpe en 3D… et il n’y a pas d’école pour ça. » A moyen terme, Benoit Pasquini envisage la création d’un nouveau diplôme. Reste à trouver les mécènes pour l’accompagner.
Marina Paris
Plus d’infos sur le site de la Boîte à Découpe.