Sur le chemin de retour des courses hebdomadaires agrémentées d’emplettes moins utilitaires, je me suis aperçue qu’un même rituel s’instaurait au moment du paiement avec cette phrase magique : « Vous avez la carte du magasin ? »
A la réponse négative suit la proposition : « Voulez-vous bénéficier des avantages de la carte ? » suivie, dans le meilleur des cas de l’énumération des privilèges réservés aux milliers d’encartés. Un moment de faiblesse, revient à dire oui, un moment de réflexion conduit à dire non.
Parce qu’en même temps que la carte-sésame vous confère le statut de consommateur chéri, objet de toutes les attentions, le supermarché, le magasin de bricolage, le libraire ou la parfumerie, capte adresse mail, postale et numéro de portable, pour vous bombarder d’offres alléchantes et « vous faire entrer dans un monde d’exception », etc.
Petit-à-petit elles s’insinuent dans les porte-monnaies et peuvent muer en cartes d’infidélité à la carte de crédit.
Pourtant fidélité est un mot magnifique, plein de promesses. Même si la carte de fidélité SNCF m’en a fait douter récemment.
A croire que le livret A, le fameux livret de caisse d’épargne, autrefois ouvert à chaque nouveau né comme un viatique, n’est plus fidèle à la petite épargne de précaution, « au cas ou… ». Notre ministre estime que les Français doivent confier les euros économisés à des placements plus risqués, plus rémunérateurs, qui stimulent l’économie française.
Mais la fidélité c’est d’abord la confiance, celle qui fait défaut aux Français, il serait temps de s’en souvenir.
Bonne semaine.
Muriel Boulmier