Difficile exercice d’évoquer la grève avant qu’elle soit mise en œuvre pour le journal qui sort le jour même ! Cependant à part l’annonce de la France prise au piège de ses transports, la majorité de nos concitoyens ne comprennent pas vraiment les raisons du mouvement. La réforme des retraites, celle des agents SNCF notamment, mais il nous est annoncé aussi une convergence des mécontentements, ce que les familiers du vocabulaire marxiste nomment la convergence des luttes.
Les commentaires de l’avant-grève sont aussi nombreux que ceux qui déclarent s’y associer, comme si le mécontentement qui s’incruste depuis que les ronds points se sont teintés de jaune il y a un an, trouvait l’exutoire de leurs espoirs déçus.
Qu’entendrons-nous si ce n’est le portrait des deux France qui s’affronteraient, l’une qui manifeste, l’autre qui appelle les réformes en soutien du Gouvernement qui doit la mettre en œuvre mais qui hésite, se contredit, n’explique pas.
Les sondages réalisés en temps réel fourniront les éléments manquants pour mesurer l’évolution du soutien de l’opinion publique, qui au mouvement, qui à celle de l’exécutif du pays. L’outrance attend donc patiemment au coin de la rue pour livrer la bataille des mots, témoignages bouleversants, réactions outragées.
Il reste à souhaiter que les paroles restent les seules armes de la journée. Le seuil d’alerte de l’incompréhension qui se marquerait par de nouvelles violences ne servirait personne.
Pour terminer ce voyage vers le lendemain, je ne résiste pas à partager la réflexion d’un participant qui connaît parfaitement les ressorts de l’action collective : « je suis pour une grève illimitée à condition qu’elle ne dure pas longtemps. »
Le mouvement engagé signera l’histoire des jours à venir, ce sera la gloire du covoiturage (je vous encourage à utiliser Ciligo plateforme locale), comme la saturation de skype. A défaut de bouger comme nous le souhaitons, ne renonçons pas à nous parler.
Muriel Boulmier