A quelques jours de la clôture de l’exposition dédiée à l’usine, les deux cheville ouvrières de cet événement, Carole Westelynck et Célie Téodomante tirent un bilan très positif. Elles rêvent de poursuivre leur travail de préservation de la mémoire du lieu et des gens.
Depuis le début de l’exposition le 29 juin dernier, le fond d’archives et des pièces d’usine s’est enrichi. Des dons faits à l’association Actions Métallurgiques Artistique (AMA) par des habitants du bassin fumélois, notamment un imposant tuyau d’induction d’eau de 5 mètres de long, ou encore un wagonnet. « Étonnamment, ce qui nous manque encore, c’est une plaque d’égout Pont à Mousson », sourit Célie, à l’origine de ce projet et fière de sa concrétisation : « Je voulais vraiment y arriver. Et ce n’est qu’une première étape pour signifier qu’on existe, qu’on est là. »
Des moments d’émotion
Durant ces 10 premiers jours, plus de 650 visiteurs ont poussé les portes du Pavillon 108 transformé en lieu d’archivage emplit de photos d’ouvriers, de pièces d’usinage, de vidéos, d’objets retrouvé dans les laboratoires… avant d’emprunter la voie verte pour rejoindre la deuxième partie de l’exposition consacrée à quelques objets du quotidien, à des témoignages et au travail de sérigraphie de Célie.
L’exposition qui s’ouvre sur une table recouverte de photos d’ouvriers a suscité beaucoup d’émotions. « Ce n’est pas qu’une exposition d’un lieu, nous faisons vivre la mémoire des gens », insiste Carole qui a eu le plaisir de retrouver d’anciens collègues le soir de l’inauguration. Il y a eu aussi des moments émouvants, comme le témoignage d’un visiteur, retranscrit sur le livre d’or : « Merci pour votre travail. Une pensée pour mon père et mon grand-père ouvriers à l’usine. » Mais le plus fort fut les larmes d’un ancien ouvrier face à une photo des élèves de l’école ménagère : « Il a reconnu sa femme et sa belle-sœur et l’émotion l’a submergée, raconte émue Carole. J’ai réussi à trouver son adresse et nous allons lui faire parvenir une copie de cette photo. »
Et après ?
« On a vu et entendu des anciens ouvriers dire qu’ils ne s’étaient pas vu depuis 15 ans alors qu’ils habitent à quelques kilomètres, ajoute Célie. Cette exposition a été un prétexte aux retrouvailles, aux rencontres. Il y a une énorme attente autour d’un lieu qui pourrait recréer ce lien qu’il existait entre les habitants du bassin. » L’exposition n’est en effet pas finie que les deux femmes réfléchissent déjà à la suite qu’elle pourrait lui donner. Particulièrement Célie, engagée dans une mission de service civique pour assurer le devoir de mémoire industrielle auprès de la communauté de commune. Elle espère y trouver une oreille attentive et réussir à préserver le plus possible de ces objets de l’usine. « J’essaye de rebondir face aux décisions prises. Je pense leur proposer de reproduire les machines à l’échelle 1 en sérigraphie sur métal, pour en garder un souvenir. Dans mes rêves les plus fous, j’aimerais demander la cession de la gare à l’euro symbolique pour y créer un bar associatif. C’est un lieu merveilleux mais aujourd’hui rempli de fantômes, alors qu’il y a un fort potentiel à la fois de créer ce lieu de rencontre tant attendu et pour le tourisme. »
Pour l’association AMA, Carole rêve elle d’un lieu d’exposition permanent, « pourquoi pas près de la Machine de Watt pour y développer l’idée d’un tourisme industriel avec un petit musée dédié aux mémoires de toutes les fonderies de la Vallée du Lot ».
Toutes ces idées seront soumises à la communauté de communes par Célie, avec toutes les envies et propositions des Fumélois recueillies lors du débat public organisé ce vendredi 12 juillet, à 18 heures au Pavillon 108.
M.P