Le sapin dépouillé de ses ornements s’en retourne vers son milieu d’origine, la crèche après avoir accueilli les rois mages a retrouvé son refuge pour hiverner en attendant la prochaine célébration… Au revoir chocolats et frangipane !
Le grand bazar de cette période n’apporte pas d’issue glorieuse, une réforme qui disparaît dans une bataille de mots – régimes spéciaux ou particuliers, âge pivot ou d’équilibre – et un sentiment d’incompréhension mutuelle qui s’incruste douloureusement.
Voilà pourquoi ce début d’année a perdu la légèreté des vœux. C’est dommage.
Même la littérature a montré sa face sombre. Gabriel Matzneff, écrivain à la célébrité très parisienne, a fait passer sa perversité déviante pour du talent salué par un cercle que je ne saurais nommer parce que je n’en connais pas les membres. Le « c’était une autre époque » est bien sûr inentendable, sauf à considérer que la morale sexuelle de la fin du XXe siècle se complaît dans l’ombre de celle des Grecs antiques.
D’ailleurs juger l’auteur est facile alors que la sévérité doit s’exercer à l’encontre de ceux qui l’ont encouragé à s’imaginer Zeus violeur adulé sur son Olympe au nom de ses exploits virils et manipulateurs. Matzneff tirait une gloire personnelle de ses exploits divinisés par la célébrité qui lui assurait le droit à la domination sur des êtres faibles. Les lecteurs assidus sont les complices des atrocités du narrateur.
Et tout-à-coup une jeune femme a le courage de dénoncer. Le voile se déchire. Les éditeurs retirent de la vente les écrits les plus violents, le parquet ouvre une enquête, trop tard.
Ainsi apparaît la limite de l’antienne qui a bercé toute une génération éduquée, élitiste, avec « il est interdit d’interdire » justifiant par les louanges, ou le silence coupable, les vies brisées à 12 ou 13 ans. Eux et elles, membres de cette caste dominatrice de la pensée et arbitre des élégances partagent la même responsabilité par leur complaisance.
Muriel Boulmier